
20 avril 2016
Free
Café Central 14, Rue Borgval - 1000 Bruxelles
LAETITIA SHERIFF – PANDEMONIUM SOLACE AND STARS
Contrairement au patronyme qu'elle s'est choisi, Laetitia Shériff n'est pas du genre à (faire) respecter
la loi. Elle serait même plutôt de ceux qui la transgressent avec gourmandise, comme en atteste la
liste de ses collaborateurs par le passé, tous des vandales de la bien-pensance musicale (l'immense
saxophoniste de jazz François Jeanneau, la diva punk Lydia Lunch, le producteur de musiques
électroniques Robert Le Magnifique, l'expérimentateur Noël Akchoté ou encore le guitariste
polymorphe Olivier Mellano...).
En dix ans, sans aucun plan de carrière réfléchi à l'avance, la chanteuse/bassiste a su laisser son
empreinte indélébile sur une poignée de disques exigeants, sous son nom ou bien sous un autre
(Trunks), mais également dans des BO de documentaires, au cinéma, au théâtre ou dans des
spectacles de danse.
Néanmoins la véritable performance de Lætitia Shériff, c'est de réussir à justement canaliser cette
soif de liberté, à formater son audace formelle. Son dernier disque, « Pandemonium Solace and
Stars », est ainsi une petite merveille de rage lumineuse, de désespoir fertile, qui l'autorise
désormais à marcher dans les pas d'illustres ainés comme Scott Walker, Neil Young ou Nick Cave.
Bien sûr, dans sa discothèque personnelle, on imagine que les disques de Sonic Youth, Dominique A
ou The Breeders tiennent également une place de choix. Elle en partage les obsessions en tout cas.
Et l'art de la mélodie sournoise, comme par exemple celle du refrain de « The Living Dead » qui
vous poursuit toute la journée.
Epaulée par son vieil ami Thomas Poli (guitariste de Montgomery et collaborateur de Dominique
A), le batteur Nicolas Courret (Eiffel) ainsi que la violoniste Carla Pallone (Mansfield.Tya) invitée
sur trois titres, Lætitia Shériff voyage ici entre la « Daydream Nation » de Sonic Youth et le « Hips
And Makers » de Kristin Hersh, quand le son clair des guitares voudrait ignorer encore un instant le
grondement inquiétant de la basse. Mais qu'elle vous attrape par le colback et vous crache son
« Wash » au visage ou qu'elle vous bouleverse par l'intensité de son « A Beautiful Rage II », la
Shériff vous remue toujours de l'intérieur. Parce qu'au grain de sa voix, au son de ce disque
équilibriste, on sent qu'elle ne triche pas. Qu'elle ne peut pas.
« It sounds like Love » susurre la belle à la fin du « Far & Wide » tout en suspension qui clôture cet
album. Il y a de ça effectivement.
Pandemonium Solace and Stars (Yotanka)
Disponible en LP / CD / Digital
http://www.laetitia-sheriff.com/